Exposition Contre une maison sèche

Seen by #1

Contre une maison sèche

Une exposition avec Alienor Suty, Dany Albiach, Tetyana Nahaychuk, Illona Rougemond et Arthur Mangiapan.

Du 28 septembre au 4 octobre 2023

Lieu : École Nationale Supérieur d'Art de la Villa Arson

Seen by est une série d'expositions qui a pour ambition de réunir des artistes de divers domaines créatifs en vue de collaborer et de créer des expositions. Contre une maison sèche marque le début de cette série et offre l'opportunité à des créateurs issus d'horizons différents de travailler ensemble.

Cette exposition explore la collaboration entre artistes plasticiens, réalisateurs et scénographes. Chacun apporte sa vision unique à travers son expertise spécifique : le plasticien contribue avec son sens esthétique et sa maîtrise de la composition, le réalisateur avec sa narration visuelle, et la scénographe avec sa capacité à créer des espaces immersifs. Ensemble, ils repoussent les limites de la créativité et donnent naissance à des expériences artistiques singulières et significatives

Contre une maison sèche

Contre une maison sèche réunit les travaux de Dany Albiach, Alienor Suty, Illona Rougemont, Tetyana Nahaychuk et Arthur Mangiapan. Son titre s'inspire d'un poème de René Char portant le même nom.

C’est, à l’occasion de cette exposition, la force évocatrice du titre qui nous intéresse. Nous voulons qu’il serve les œuvres, qu’il les lie tout en mettant en lumière leur singularité. Ce titre possède une ambivalence que révèle chaque travail exposé. Cette ambivalence, qui est le sujet même de l’exposition, est due aux relations que l’on entretient avec notre propre intimité, ainsi qu’avec des lieux et des personnes qui sont, dans nos vies, rattachés au terrain de l’intime.

Ce champ - que ce soit une chambre, une maison, notre famille, nos pensées, une personne ou encore un endroit non loin d’une rivière - est souvent perçu comme le lieu idéal de l’expression et de la réalisation de soi, un lieu où il nous est possible d’être vulnérable, fébrile, de confesser nos rêves et nos désirs les plus profonds. Mais « ces lieux à soi », qu’ils soient choisis (amitié, colline) ou non (famille), sensés être des espaces propices à cet épanouissement, sont aussi, de par leur perméabilité, les plus à même de permettre l’entrée de violence, de tension que l’on n’autoriserait pas en temps normal avec des gens, ou des endroits qui nous sont moins familiers.

Les espaces intimes se révèlent comme des lieux confus où amour et violence sont en friction permanente. Ils sont capables de les accueillir tous deux, de rejouer ou de renforcer leurs limites et leur sens en imprégnant chaque membre qui les habite. Ce sont à la fois des refuges sur lesquels il nous est possible de nous reposer, de nous ressourcer, comme on se pose contre un mur après trop de fatigue. Par d’autres moments, ils peuvent être des lieux hostiles, arides, où l’on est contraint d’être à nu sans pour autant qu’on le veuille. Et l’on s’efforce alors de les réhydrater pour pouvoir continuer à les habiter, luttant contre leur sécheresse, ou bien de s’hydrater au moins soi, pour pouvoir s’en dégager.

Chaque artiste poursuit les interrogations portées par cette ambivalence. Toutes et tous cherchent à rendre compte de la porosité et de la relativité de ces espaces physiques et mentaux. Ils explorent ainsi leur propre mémoire, leurs souvenirs, relations familiales, sentimentales, amicales, les imaginaires et les influences culturelles qui les traversent.

Dany Albiach et Illona Rougemont, dans leur collaboration, créent un jardin figé entre les temporalités familiales, un parcours semé de souvenirs matérialisés par des objets, des écrits et des dessins. Ce jardin foisonnant se dilue peu à peu pour conduire vers une plaine épurée, une métaphore du possible pardon intérieur. Les lectures chuchotées, provenant parfois des objets, parfois des dessins, évoquent le fantôme d'un être enclin à ses réflexions et ses peurs intérieures.

Alienor Suty, quant à elle, évoque ses obsessions d'enfance à travers la chanson Against the singer. Son approche artistique joue avec humour d'esthétiques et de références variées, s'appropriant les images pour raconter autre chose. Son travail spatialisé mêle musique, dessin et textile, explorant le pouvoir suggestif de la musique.

Arthur Mangiapan présente un court métrage intitulé Au regard de ses pensées, où un enfant fabrique un cadeau et pense sans arrêt à sa mère. Son œuvre interroge la relation entre l'intime.

Tetyana Nahaychuk nous propose Untitled, une vidéo basée sur des enregistrements de bruits concrets du quotidien, mettant en avant le son comme élément central de son travail. Son approche artistique libère les auditeurs des attitudes habituelles, les immergeant dans une expérience sonore inhabituelle et explorant la spatialité du son, le silence et leur propre perception auditive.

Au-delà de ces travaux, Contre une maison sèche révèle également la volonté des artistes de partager leur cheminement artistique avec d'autres créateurs. Cette ouverture à la collaboration et à la redéfinition artistique crée une atmosphère de partage et d'enrichissement mutuel au sein de l'exposition. Seen by se présente ainsi comme un espace de convergence, rassemblant des artistes qui, à travers leur travail, explorent la complexité des souvenirs, des relations familiales et des émotions. Cette exposition est une célébration de la créativité plurielle, où chaque créateur apporte sa voix unique pour tisser un récit à la fois personnel et collectif.